Leur vie n'est qu’éphémère...

Par cette chaude soirée, j'étais assise sur les toits. J'observais la rue, et les quelques personnes qui y erraient, malgré l'heure avancée. Il y avait toujours un peu de monde dehors en été, notre petit village pittoresque offrant de magnifiques spectacles aux touristes. Je m'amusais à me concentrer sur des badauds aux hasards & à lire leurs pensées... Car non, je n'étais pas une personne normale. J'étais dotée de ce don, et je pouvais entendre le moindre désir, la moindre réaction enfermée dans votre subconscient ou votre conscient, pour peu que je l'ai décidé. Il y avait toutefois un malus : si je sondais l'esprit d'une personne souffrant d'une douleur quelconque, elle m'était immédiatement communiquée. C'était assez peu pratique, dans le sens où le phénomène était peu discret.
Du haut de mes 16 ans, je n'étais encore qu'au lycée. Mes longs cheveux bruns ondulaient dans mon dos, et quelques mèches passaient devant mes épaules. Ce soir, je portais une tenue qui se voulait pratique : un short noir moulant, ainsi qu'un t-shirt noir tout aussi moulant avec une inscription : "DARK". A mes pieds se trouvaient une paire de Dr Martens, qui surmontait des collants résilles.

Une bande de trois jeunes passants, je reconnu l'un d'entre eux. Il s'agissait de Xavier, un garçon de ma classe. Il était châtain & avait un teint plutôt pâle. C'était le genre de mec sûr de lui et avec un humour que la plupart adorait. Autant dire qu'il était plutôt populaire, d'autant que son style vestimentaire lui permettait de se mettre en valeur. Je ne connaissais pas ses deux acolytes : un garçon & une fille. Tous les deux avaient l'air d'appartenir au même monde que lui : des enfants à papa, qui roulent sur l'or et se noient dans l'alcool, la drogue, et autres excès bien vus de leurs acolytes. Personnellement, ce genre de choses me dégoûtait. La simple évocation du tabac me donnait envie de gerber.    
Je me concentrais alors sur cette fille. Elle avait du ressentiment envers Xavier et le cachait merveilleusement bien. La vengeance est un plat qui se mange froid, n'est-ce pas ?      

Ce pourquoi elle lui en voulait n'était pas très clair. Toutefois, elle imaginait ce qui pourrait vraiment le faire souffrir, jouant sur ses faiblesses qu'elle semblait connaître par cœur. C'était sûrement pour cela qu'elle continuait à traîner avec lui, pour en apprendre plus.
Et c'est moi qui passait pour une tarée au lycée.   

Je fus interrompue dans ma lecture par un bruit sourd, provenant de derrière moi.