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 Le livre

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Imaginary
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Imaginary


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Le livre  Empty
MessageSujet: Le livre    Le livre  EmptyVen 5 Sep - 6:20

Son décès, aussi prévisible qu'il était, avait crée un ultime changement : ma joie de vivre m'avait quittée. Pas du jour au lendemain, évidemment. Mais petit à petit, je m'étais éloignée de mes amis, même les plus proches. Il faut croire que l'incarnation de la tristesse n'est pas de bonne compagnie.
La pluie abreuvait maintenant le champ de pierres tombales. Assise sur la bordure moussue, je livrais à mes aînés mes pensées les plus funestes.
Plus personne ne s'étonnait maintenant de voir une jeune fille conversant avec deux croix de marbres. Depuis que j'avais rejoins le village, c'était devenu habituel.
"Je vais rentrer. Il commence à se faire tard. Demain, je vous ramènerai des fleurs. Au revoir papy, au revoir mamie. A demain."
Contournant l'église, ruminant mes pensées, je ne prêtais plus attention au monde extérieur. Cela faisait d'ailleurs deux ans que je ne lui devais plus rien. Je n'étais plus personne ; simplement une ombre ; une âme perdue qu'on ne pouvait plus repêcher. Les rideaux se fermaient sur mon passage, des regards inquiets me fixaient.
Comme si la tristesse était contagieuse.
En franchissant le seuil de ma demeure, je me posais cette éternelle question : "Pourquoi moi ?"
La maison était un héritage qui m'était destiné mais je ne comprenais pas. Je n'étais pas seule dans la famille, loin de là. Je n'étais pas non plus celle qui en avait le plus besoin.
J'avais volontairement coupé les ponts avec le reste de la famille, et mon attirance pour le style gothique s'était amplifiée au point qu'il emplissait ma garde-robe. Je n'avais toutefois pas changé la décoration, faite de tapisseries fleuries et de meubles massifs, celle-ci me confortant dans l'ombre de ma grand-mère. J'avais toujours connu le lieu ainsi et il resterait tel quel.
Rompant le silence, quelqu'un sonna à la porte. Curieuse de savoir qui s’intéressait à la pestiférée du village, j'allais ouvrir.
"Des friandises ou un sort !"
Un diablotin me tendait son sac dont le fond était jonché de friandises.
Je restais sceptique. Jamais, au grand jamais un enfant n'avait osé venir à la porte de ma maisonnette.
Le gamin était toujours là, attendant patiemment, son grand sourire accroché aux lèvres.
Je ne me laissais pas attendrir, non, je voulais savoir. Ce môme devait être nouveau, ne connaissait pas encore ma réputation.
C'est ce moment que choisit la voisine pour aller sur son palier, et crier au marmot : "Ne t'attarde pas ici petit ! Viens plutôt chez moi, les cookies sont tout chaud, ils sortent du four !"
L'enfant prêta une vague attention aux recommandations de la vieille dame. Il reposa ses grands yeux sur moi. Sans un mot, je tournais les talons, en cinq pas retrouvais la cuisine, ouvrais le placard.
"Viens, tu ne vas tout de même pas rester sous la pluie ?" Une sympathie lointaine hantait ma voix.
Timidement, le garçonnet referma la porte et s'approcha de moi. Je le portais afin qu'il observe les merveilles ornant mon garde-manger. J'avais toujours était une grande gourmande, et les placards n'étaient jamais vides.
"Choisis ce que tu veux."
Les yeux pleins d'étoiles, il se saisit alors d'un paquet de speculoos.
"C'est tout ?"
Il opina.
Je le posais à terre. Le petit diable me sourit poliment avant d'ouvrir la bouche pour la seconde fois : "C'est pour vous." Et il sortit d'un sac à dos que je n'avais pas encore vu un petit livre qu'il me tendit. Je m'en saisis et avant même que mon esprit ne pense à le remercier, il avait disparu.
Tout d'abord prise de stupeur, je me demandais où était passé le gamin. Puis, je l'oubliais, prêta une plus grande attention à la couverture rouge que je caressais doucement.
Le cahier était usé. Car, non, ce n'était pas un livre, mais bien un cahier. Il n'était pas abîmé, aucun graffiti ne hantait sa devanture. La personne à qui il avait appartenu devait être extrêmement soigneux.
Je l'ouvrais.
A l'intérieur, je trouvais un flot de phrases. Parfois, un dessin l'interrompait, avant que le récit ne reprenne. Je posais le livre sur le buffet, montais à l'étage, franchissais la porte à ma droite.
Une fois dans ma chambre, l'odeur du papier peint jaunis emplit mes poumons. Je m'allongeais, face à l'immense miroir, et pensais.
Tout d'abord au livre. J'avais envie de le lire, mais me retenais. Tout ça ne devait pas tourner à l'obsession. C'est ainsi que débute les romans. Et ma vie n'a pas besoin d'être écrite.
Je me laissais donc bercer par le rythme de mes pensées, avant de sombrer dans l'abîme d'un sommeil profond.
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