Imaginary Admin
Messages : 108 Date d'inscription : 02/09/2014 Age : 30 Localisation : Au pays imaginaire
| Sujet: Black and blue Ven 5 Sep - 8:07 | |
| "Papa, tu penses vraiment que cette conversation est nécessaire ?" Harry était assis sur son lit, visiblement exaspéré. Son regard exprimait un ennui profond, alors que sa posture était typique de la lassitude adolescente. De plus, le soupir qu'il venait de lâcher me confortait dans l'idée qu'il aurait préféré ne pas être là. Quant à moi, j'aurai préféré ne pas le voir avachi de la sorte, une épaisse mèche châtain foncé cachant ses adorables yeux bleus, qu'il tenait de sa mère. Je savais que tout ce que je pouvais lui dire ne changerait rien. Mais j'essayais encore et encore, avec la conviction que mon fils grandirait un jour et réaliserait que son vieux père ne disait pas que des bêtises. "Tu sais que je suis en colère, n'est-ce pas ?" Sa réponse se résuma en un long soupir... Encore un. Depuis que le dialogue s'était rompu, c'est à peu près tout ce à quoi j'avais le droit. C'était encore pire que s'il me répondait, après tout. L'insolence était là, mais j'avais l'impression de ne pas pouvoir communiquer, qu'une barrière infranchissable nous séparait. Comme si ma voix n'était pour lui qu'un bruit de fond qui l'ennuyait péniblement, et qu'il ne pouvait retirer aucune information de mon discours. Comme si je m'évertuais à hurler devant la plus impénétrable des forteresses. Doucement, je dodelinais de la tête. "Si je te répète toujours les mêmes choses, il y a une raison... Pense à ton futur ! Est-ce que tu as seulement une idée de ce qui t'attend ? Si tu ne travailles pas au lycée et que tu continues à avoir ce comportement, tu vas..." Je ne pu achever ma phrase : Harry m'interrompu dans un cri. "Je vais quoi ? ! Devenir un de ces chômeurs, déchet de l'humanité, dans cette poubelle de société ? Est-ce que tu penses vraiment que je veux bosser toute ma vie pour finalement crever sans personne pour se rappeler qui je suis ? ! Je ne suis pas un mouton ! Tu peux comprendre ça ?" Pas de réponse. Qu'est-ce que je pouvais dire ? Je n'admettais pas pour autant qu'il puisse avoir raison, puisque je ne voyais pas ma vie comme ça, puisqu'il y aurait forcément quelqu'un pour me pleurer... Son visage était rouge, ses sourcils froncés, ses dents serrés, ses poings crispés et sa respiration trop forte. Je le vis prendre un sac qui était caché sous son lit... Et ce sac n'était pas vide... "Que vas-tu faire ?" demandais-je fébrilement. Je l'avais pourtant déjà compris. Je savais déjà qu'il allait nous quitter. Comme je savais que son geste était prémédité. Peut-être n'était-ce pas prévu pour tout de suite, peut-être avais-je accélérer les choses... Mais cela devait arriver. "Je vais faire de mon mieux..." Et sur ces mots, il descendit les marches quatre à quatre et sortit en claquant la porte. A travers le hublot, je l'observais en espérant qu'il change d'avis... Je le vis traverser pour sortir de mon champ de vision. Je ne savais pas où il avait l'intention d'aller, je ne connaissais même pas un seul de ses amis. Je n'aurai pas su dire quel genre d'endroits il fréquentait. Et peut-être que quelque-part, jusque-là, je n'avais pas voulu m'y intéresser. Peut-être étais-je fautif. J'attendis quelques minutes, paralysé. Il était vraiment parti. | |
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